Pierre Bonnefille

Pierre Bonnefille : « La création passe par une connexion entre l’esprit et la main »

Depuis une trentaine d’années, Pierre Bonnefille rend un hommage vibrant à la nature dans des œuvres dont la dimension poétique nous touche en plein cœur. Maître des couleurs et des matières, ce peintre sculpteur designer de renommée internationale a séduit les plus grands noms de l’architecture d’intérieur et du luxe.
LE MARDI 8 AVRIL 2025

Qui vous a initié à l’art ?

Ma grand-tante. Après avoir été archéologue, elle est devenue artiste-peintre. Lorsque j’étais enfant, je passais une partie de mes vacances à Cagnes-sur-Mer dans l’appartement qui jouxtait son atelier, un univers de soleil et de lumière ! Nos conversations m’ont amené à m’intéresser très tôt à l’art et à la beauté de l’objet.

 

Vous reconnaissez-vous dans l’étiquette d’artiste-explorateur que l’on vous attribue ?

Oui, car j’ai la chance de mener des projets dans le monde entier et donc de voyager à travers l’Europe, l’Asie et les Etats-Unis à la demande de mes clients. Durant ces périodes d’immersion, je cherche des lieux de nature rares, intimes, hors des sentiers battus. Le grand raffinement des civilisations me nourrit également — la civilisation chinoise, par exemple. Je suis d’ailleurs très sensible à la dimension atmosphérique de la peinture chinoise traditionnelle que j’ai découverte quand j’ai croisé la route du peintre Zao Wou Ki aux Arts Déco.

 

Vos œuvres sont-elles l’expression d’une forme de contemplation ? 

Je peux passer en effet des heures à regarder certains paysages évoluer dans le temps et à capter des atmosphères fugaces que je retranscris ensuite à l’atelier. J’y suis entouré d’une multitude d’éléments de nature que je collectionne pour leurs couleurs : pierres, feuilles séchées, branches, écorces, sable…

 

Comment définiriez-vous votre approche ?

C’est une approche matiériste puisque mon travail est un triptyque d’intérêt entre la couleur et la matière, quelle que soit l’inspiration (minérale, végétale, aquatique) et le type de création (sculpture, peinture, composition murale, dessin). Je fabrique mes propres pigments et poudres métalliques ou minérales. Dans ma série « Bronze Paintings », par exemple, j’ai utilisé une poudre de bronze en suspension sur des châssis tramés afin de traduire toutes ces couleurs qui apparaissant à certains moments de la journée (au couchant, notamment) lorsque la lumière vibre à la surface de l’eau.

 

Hormis la splendide fresque rouge du Café Marly, sous les arcades du Louvre, quelles autres collaborations marquantes ont émaillé votre parcours ?

J’ai réalisé des créations murales parfois monumentales pour le décorateur d’intérieur Christian Liaigre. Je garde aussi un magnifique souvenir de l’installation « Voiles assemblages », un ensemble de sept œuvres textiles aux reflets d’or que j’ai créé en 2022 pour le Palais de l’Elysée en collaboration avec les ateliers de tapisseries du Mobilier national. Et j’ai beaucoup appris au contact de l’architecte d’intérieur Rena Dumas qui m’a, entre autres, offert l’opportunité de créer une œuvre murale pour la maison de ventes Christie’s.

 

La percée de l’IA est retentissante, y compris dans l’art. Pourriez-vous utiliser cette synergie dans votre processus créatif ?

Pour le moment je préfère travailler avec l’instinct, le cœur et l’intelligence naturelle ! D’autant que je suis loin de maîtriser suffisamment le sujet. J’ai surtout besoin d’en savoir plus sur tous ces domaines où l’IA n’a aucune réponse. Ce vide-là m’intéresse.

 

Quel rapport entretenez-vous avec le digital en général ?

Comme j’ai régulièrement besoin de communiquer les images de mon travail à mes collaborateurs, commanditaires et collectionneurs, je me sers quotidiennement de mon smartphone et de mon iPad. Mais je ne crée jamais sur ordinateur (d’ailleurs je n’en ai pas !). Pour moi, la création passe forcément par une connexion entre l’esprit et la main. J’ai toujours un crayon ou un pinceau entre les doigts.

 

Quelles sont vos applications favorites ?

Whatsapp, idéale pour échanger textes et photos avec différents groupes, Sketchbook (app de graphisme), Netflix, quelques apps de journaux, celle de ma banque, d’Air France… sans oublier l’application Parnasse dont je suis Membre depuis une quinzaine d’années !

 

Comment qualifieriez-vous ce service ? 

C’est un excellent service. J’ai un lien particulier avec mon Coach Jonathan. Il m’apporte une aide précieuse au quotidien et est toujours de bon conseil. Toutes comme les équipes dont la gentillesse, l’efficacité et la réactivité sont remarquables. J’ai encore pu le constater récemment lorsque j’ai eu un problème avec mon téléphone un samedi soir. Je l’avais éteint le temps d’assister à une réunion, et au moment où j’ai voulu le réutiliser, impossible de le rallumer. Au bout d’une vingtaine de tentatives, j’ai commencé à paniquer. Le dimanche matin j’ai appelé le Desk Parnasse. A 13 heures, on m’apportait un autre téléphone et on a du même coup débloqué et réparé le mien !

 

Vous venez de participer pour la première fois à Art Paris 2025 et vous exposez actuellement dans votre galerie la série « Deep Waters », née de votre contemplation d’espaces aquatiques qui vous ont fasciné lors de vos voyages (*). Quelle sera votre prochaine expédition ?

La Californie. J’ai l’intention d’explorer les Rocheuses car on y trouve des minéraux — notamment des cuprites — qui m’inspirent beaucoup pour les pièces sculpturales que je suis en train de réaliser. Actuellement, je planche sur vingt projets, dont un très important en Asie. Ma prochaine commande pour la France ? Un projet privé dans une demeure champenoise… entre Paris et Reims.

 

(*) Jusqu’au 15 mai. 5, rue Bréguet, 75011 Paris.

 

Photo : Pierre Bonnefille © Luca Bonnefille.

 

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