Votre dernier album studio (2023), porte le nom d’une figure de style qui consiste à allier deux mots de sens contradictoires : Oxymore. Quel est l’oxymore qui vous définit le mieux ?
Ah je ne sais pas ! J’aime ce mot car il est lié à tout acte créatif, notamment en matière de musique électroacoustique. Mélanger le son d’une clarinette au son d’un oiseau, le son du vent à celui d’un violoncelle, revient à fabriquer des oxymores. D’où le titre de cet album, le tout premier que j’ai conçu en son immersif.
Parnasse fête ses 17 ans d’existence. A 17 ans, rêviez-vous déjà de musique ?
Oui... Je passais mon bac et je savais que la musique serait mon activité principale, même si j’ai aussi fait une licence de lettres, étudié la philo, la chimie…
… et développé votre passion pour les nouvelles technologies. Qui vous l’a insufflée ?
Mon grand-père. Un personnage très original, qui était à la fois ingénieur, musicien — il jouait du hautbois —, et inventeur (on lui doit notamment l’ancêtre de l’Ipod, ndlr). Pour mes 12 ans, il m’a offert un magnétophone d’occasion dont je suis devenu complètement obsédé ! Du jour où je me suis amusé à passer la bande à l’envers, j’ai commencé à trafiquer des sons — de guitare, de batterie, etc. Puis j’ai mené des expérimentations au GRM, le Groupe de recherche musicale de l’ORTF, en m’intéressant aux travaux de Pierre Schaeffer et de Pierre Henry qui considéraient que l’on pouvait intégrer de manière surréaliste les sons de la vie, de la nature, dans des sons orchestraux. La musique électroacoustique est probablement la plus populaire dans le monde et la révolution numérique a fortement influencé la manière dont on compose aujourd’hui.
Quel regard portez-vous sur l’IA et quelle place occupe-t-elle dans votre travail ?
Pour un créateur, l’IA est une extension de l'imagination. La naissance d’une idée est toujours un recyclage inconscient d’éléments aléatoires issus de son patrimoine personnel. Le processus de l’IA s’apparente à cela. Même si elle va révolutionner nos sociétés, il ne faut pas la craindre mais l’utiliser en toute lucidité. Et mieux on y sera préparé, mieux on se portera. Ces derniers mois je m’en suis beaucoup servi, graphiquement, dans mes scénographies de concerts. J’attends avec impatience qu’elle soit moins balbutiante sur le plan sonore. Cela oblige à être curieux, à se mettre en chasse. Tant que cet instinct de chasseur demeure intact et que la santé le permet, il n’y a pas d’âge de retraite défini pour un créateur !
Quelles sont vos actualités ?
Entre la préparation d’un nouvel album et celle d’une série de concerts en Chine, aux Etats-Unis et en France, ma vie sera rythmée par une alternance entre le studio et la scène en 2025. D’autre part, l’album live du concert que j’avais donné le 25 décembre 2023 à Versailles à l’occasion du 400ème anniversaire du Château vient de sortir. C’est un spectacle mixte très singulier puisque je jouais à la fois en direct dans la Galerie des Glaces devant un public réel, et dans le métavers, grâce à mon avatar, au centre d’une Galerie des Glaces futuriste avec un public connecté en réalité virtuelle.
Le 8 septembre dernier, vous avez électrisé le Stade de France lors de la Cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Paris 2024. Comment avez-vous vécu ce moment ?
C’était à la fois une jubilation et une responsabilité car il s’agissait de la « vraie » clôture des Jeux, et donc de la dernière carte de visite envoyée depuis la France pour montrer la vraie légitimité de la musique électro hexagonale. Autant le rock et le hip hop sont issus des Etats-Unis, autant la musique électronique vient de France et d’Europe continentale. Célébrer ces racines avait d’autant plus de sens que la musique électronique et le sport provoquent le même métissage d’émotions en rassemblant un maximum de personnes à travers le monde, toutes cultures, religions ou générations confondues.
On vous imagine naturellement très connecté au quotidien. Quel rapport entretenez-vous avec votre smartphone ?
Je suis conscient du luxe que cela représente de pouvoir, grâce à mon smartphone et à mes laptops, travailler avec des collaborateurs dispersés à Pékin, Vancouver ou Los Angeles. Mais ce qui est important quand on est connecté, c’est de savoir se déconnecter. Je ne tombe pas dans le piège qui consiste à répondre à un autre appel si je suis déjà en ligne. La messagerie est faite pour cela. A moins d’une urgence, bien sûr, ma priorité, c’est le moment que je suis en train de passer avec mon interlocuteur.
Y a-t-il des applications dont vous ne pourriez-vous passer ?
Hormis ma boîte mail et Calendrier, j’utilise beaucoup WhatsApp, ChatGPT, notamment pour les traductions, Calendrier et Note, que je considère comme un vrai carnet de notes 2.0. J’apprécie aussi la sensation de pouvoir tourner les pages et modifier les caractères à loisir quand je lis un livre sur Ipad.
Parlez-nous de votre relation avec Parnasse.
Plus qu’un service, Parnasse est pour moi un allié. C’est un privilège de pouvoir faire appel à des équipes extrêmement réactives quand on est en difficulté. On a beau être connecté, la technologie évolue en permanence. Je sais que je peux compter sur leurs compétences. Cela me permet de gagner du temps et de mieux comprendre les outils dont je me sers au quotidien.
Vous souvenez-vous d’une situation où Parnasse vous a été d’un secours particulièrement précieux ?
Oh oui ! Je devais donner mon tout premier concert en réalité virtuelle, depuis mon studio. Or à l’endroit de région parisienne où il est situé, sur une petite île de la Seine, la fibre ne passait pas. Grâce à l’inventivité d’une personne de Parnasse qui s’est débrouillée pour la faire passer par un morceau du pont, le problème a été résolu… deux jours avant mon live. Tous les habitants de l’île en ont également bénéficié et moi, ça m’a littéralement sauvé la vie puisque j’ai pu assurer le concert en direct de mon studio. Parnasse, c’est un vrai Samu numérique !