Je suis satisfait parce qu’en sept ans, 280 millions ont pu être récoltés et que sur les quelque 950 dossiers retenus, 670 sites ont déjà été sauvés. Depuis que je suis en charge de la Mission Patrimoine et que je sillonne la France, je constate à quel point le patrimoine rassemble les gens. Et je ne fais pas seulement allusion aux grands édifices. Un lavoir, une fontaine, un four à pain, une église, c’est aussi cela le patrimoine. Lorsque les habitants d’un village apprennent que leur site a été sélectionné, le bonheur qui se lit sur leur visage est très émouvant.
Comment expliquez-vous cette ferveur collective ?
Les pierres nous racontent une histoire que les hommes ont parfois tendance à oublier. Or, derrière elles se cachent toujours des aventures humaines. En plus de dynamiser un territoire et de créer du lien social, le patrimoine est un repère dans la vie de chacun. Quels que soient ses origines, son niveau social ou ses convictions religieuses, nous héritons tous de ces trésors et en sommes dépositaires.
Vous demeurez vous-même dans un ancien Collège royal et militaire que vous avez restauré, à Thiron-Gardais (Eure-et-Loir). Vivre dans un monument historique vous oblige-t-il ?
Bien sûr. Mais cela ne me pèse pas car le sens du devoir m’a été inculqué dès ma plus tendre enfance. Je suis très heureux que le public puisse visiter la partie musée de mon monument ainsi que les jardins. On se doit d’œuvrer pour son village.
Un village dont vous êtes conseiller municipal depuis le printemps dernier. Cette nomination est-elle la suite logique de vos engagements ?
Oui. Quand on vous demande de vous investir dans la vie de la cité, vous ne pouvez pas vous dérober. En ayant la délégation du Patrimoine et de la culture, je peux agir utilement. De toute façon, j’ai toujours été un citoyen engagé. Quand je vivais dans le 9ème arrondissement, j’étais président du Conservatoire de musique.
Inutile de vous demander où vous serez les 21 et 22 septembre lors des Journées du Patrimoine !
Au plus proche du Patrimoine, évidemment ! Entre la visite de mon Collège royal, l’inauguration du trésor de la Cathédrale de Chartres, le chantier de la Mission Patrimoine sur l’île aux Moines (Côtes-d’Armor) et mon soutien à Duralex (patrimoine ouvrier en péril), ces activités bénévoles me prennent beaucoup de temps. Et entre temps, il faut que j’enregistre mes émissions, que je tourne des films, etc.
Notamment « Antoine Bellefond », une série dont le 3ème épisode sera diffusé le 24 septembre sur France 3 et dans laquelle vous campez un procureur devenu avocat pénaliste. Que vous a appris cette expérience ?
A être dans l’intériorité — tout l’inverse de l’animation télé où l’on est systématiquement dans l’exposition. Et puis, c’est formidable de se glisser dans la peau d’un autre que soi ! J’adore ce personnage… même s’il me prend deux mois de ma vie. Deux mois de tournage durant lesquels plus de portable, plus d’interviews, plus de Stéphane Bern, je m’appelle Antoine Bellefond.
Et auparavant vous devez enregistrer vos nombreuses émissions : « Secrets d’histoire », « Laissez-vous guider », « Le Village préféré » et « Le Monument préféré » des Français, l’Eurovision, L’Escapade à Vienne… C’est étourdissant ! Quel est votre secret pour garder la tête froide ?
Que voulez-vous, j’aime la diversité. N’est-ce pas une richesse de pouvoir vivre plusieurs vies en une ? Mon secret est simple : j’ai une grande capacité de travail, je crois aux vertus de l’organisation et j’ai hérité de ma mère une force mentale peu commune.
Etes-vous aussi quelqu’un de très connecté ?
Plus par obligation que par plaisir. Mais je m’informe volontiers par le biais des réseaux sociaux — Instagram surtout, où je publie une photo de temps en temps. Le numérique peut faciliter nos vies à condition de ne pas en être esclave. J’essaie de garder la maîtrise mais quand le rapport d’activité hebdomadaire de mon téléphone m’indique que j’ai dépassé 4 heures, cela me terrifie !
Quelle utilisation faites-vous de votre smartphone ?
J’y écoute volontiers la radio (Europe 1) et regarde le journal télévisé sur l’appli France TV si je ne suis pas chez moi. J’y consulte également les dépêches AFP, je gère mes comptes en banque, j’utilise l’appli de taxi G7 et celle de la RATP. Vous voyez, je suis quand même assez connecté. Mais bon… heureusement que Parnasse est là pour me soulager !
Y a-t-il une application que vous rêveriez que l’on invente un jour pour vous ?
(Il réfléchit). Un « Around Me » (application qui affiche des emplacements autour de soi, ndlr) spécial Patrimoine qui signalerait tous les sites à visiter à proximité de l’endroit où l’on se trouve. Ça ce serait formidable ! Et si l’on pouvait inventer un téléphone avec lunettes intégrées, je serais le premier à l’utiliser. Cela m’éviterait de devoir chausser les miennes chaque fois que je veux consulter une info (rire) !