De Fragonard à l’ère numérique

C’est une exposition très attendue qui débute le 15 octobre au Musée des Arts décoratifs à Paris : “L’intime, de la chambre aux réseaux sociaux” questionne la frontière entre privé et public rendue plus poreuse par les nouvelles technologies. Visite privée pour les Membres Parnasse.
LE MARDI 17 SEPTEMBRE 2024

La scénographie s’ouvre sur un gigantesque trou de serrure : le ton est donné, l’exposition “L’intime, de la chambre aux réseaux sociaux”, qui se tient au Musée des Arts décoratifs à Paris à partir du 15 octobre, explore les secrets des chambres à coucher et des salles de bain, du XVIIIe siècle à nos jours, à travers un vaste fonds de peintures, photographies et objets d’art. 470 œuvres au total, réparties en 12 thématiques, présentent les évolutions des usages et des représentations au fil des époques. 

Ainsi l’hygiène est passée de la chaise percée aux toilettes ultra modernes de la marque japonaise Toto, des tubes en métal esquissés par Edgar Degas à la généralisation des salles d’eau dans les années 1950. Il faut dire que le terme de chambre à coucher n’est apparu qu’au XVIIe siècle, et le lit est devenu un lieu de création, pour Marcel Proust, Colette ou l’artiste Ben récemment disparu.

Le parfum est aussi évoqué à travers les senteurs discrètes de l’eau de Cologne, comme les sillages capiteux d’Opium d’Yves Saint Laurent ou de Tabac Blond de Caron que l’on diffuse sur son passage. Le tableau “Le verrou” de Fragonard permet d’aborder le thème du “male gaze”, le regard masculin sur les femmes, et par contraste les œuvres qui revendiquent d’autres représentations de la sexualité comme celles de Nan Goldin ou de David Hockney. Une large vitrine au fond de la nef est consacrée aux sex toys signés de designers, de Tom Dixon à Matali Crasset.

Arrivée du digital dans l’intime

Reste que la technologie et la miniaturisation entraînent de nouveaux vécus de l’intime : le Walkman inventé dans les années 1980 permet d’écouter de la musique sans déranger les autres, le téléphone portable au contraire autorise à emmener ses conversations privées dans l’espace public, la téléréalité puis les réseaux sociaux ont banalisé l’étalage de sa vie personnelle -ou de ce que l’on veut bien en montrer. L’exposition ne passe pas sous silence les risques des technologies de surveillance, géolocalisation, reconnaissance faciale, drones. Mais l’intime, ce sont avant tout nos rêves et nos pensées, qui restent inviolables, quand bien même on les partage dans un journal ou un blog.

 

Informations pratiques

Exposition “L’intime, de la chambre aux réseaux sociaux” du 15 octobre 2024 au 30 mars 2025 au Musée des Arts décoratifs, 107 rue de Rivoli 75001 Paris

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