Votre voix accompagne les journées tennis des français pour cette nouvelle édition de Roland-Garros. Est-ce toujours aussi palpitant ?
Complétement. La première fois en 2020, c’était sur la plateforme numérique. C’était le Covid, il n’y avait personne. En 2021, il y avait encore des jauges. En 2022, c’était la première édition avec un vrai Roland-Garros. Et l’année dernière, j’ai fait ma première finale. Chaque année est encore plus intéressante.
Le monde du sport et du journalisme voient arriver l’IA, notamment dans les méthodes de compilations de données. Cela va-t-il changer l’orientation du commentaire sportif ?
Pour l’instant, je ne le mesure pas du tout. La seule aide en termes de data que l’on utilise, ce sont les statistiques. Mais je n’ai aucun doute que cela va très vite bouleverser notre quotidien.
Les nouvelles technologies permettent de connaitre la vitesse de services, des trajectoires de balles ou encore des zones de jeu. Comment vous emparez-vous de ces données pour analyser le jeu en continu ?
Ce sont des informations qui sont accessibles grâce à une tablette dans nos cabines. D’autres se trouvent sur le court. Si l’on dit que « Djoko » a raté son premier set parce qu’il a commis trop de fautes, que le ratio est largement supérieur à sa statistique habituelle, il est toujours très important de pouvoir appuyer notre propos sur des chiffres tangibles.
Y-a-t-il des évolutions concernant la diffusion des matchs cette année ?
Nous allons passer un cap en termes de qualité d’image. La nouvelle chaîne France 2 UHD diffusera en résolution 4K native pour la première fois.
Il y a très peu de femmes journalistes de sport notamment sur les plateaux de télévision. Le temps de parole qui leur est accordé n’est que de 11%. Quel regard portez-vous sur ce pourcentage ?
Un regard désespéré. Il n’y a vraiment pas assez de femmes pour parler de sport. C’est un fait, les rédactions, composées majoritairement d’hommes, ne choisissent pas de valoriser les sportives. Cela pourrait être le cas mais on voit bien que cela ne se vérifie pas. Celui induit donc un problème de représentation du sport féminin à la télévision et dans les médias en général.
Avez-vous eu l’impression de devoir prouver que vous aviez aussi votre place ?
Oui et non. Je pense que mon statut d’ancienne sportive de haut niveau qui maitrise la discipline m’a aidé à me légitimer. Mais je ne trouve pas cela normal. On ne demande pas aux hommes d’avoir fait 10 ans de football pour pouvoir en parler.
Qui voyez-vous allez jusqu’au bout du tournoi cette année ?
Chez les hommes, le tournoi n’a jamais été aussi ouvert. Avec Nadal, le tableau était fermé. Djokovic n’a pas gagné un titre cette année, il est dans le dur et a du mal à aller chercher la nouvelle carotte pour se motiver depuis qu’il a obtenu le record de titres en Grand Chelem. Cela laisse de la place. Sinner et Alcaraz sont un peu blessés. Tsitsipas et Zverev peuvent avoir une carte à jouer.
Et chez les femmes ?
C’est totalement l’inverse. Pendant des années, le tableau a toujours été ouvert. Cela fait quelques mois que les meilleures, Sabalenka, Swiatek, Rybakina, Gauff sont toujours au rendez-vous. Iga Swiatek est bien placée pour aller chercher un troisième trophée.
Quelle est votre routine digitale ?
Je suis un peu Insta addict, il faut se l’avouer. J’utilise aussi beaucoup l’application Sofascore. Cela me permet d’avoir tous les résultats de la nuit rapidement. Puis je me fais ma petite revue de presse classique. Et quand je prends le train, j’écoute des podcasts.